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Litanies à la Sainte Vierge

Seigneur, Prends pitié (bis)
Seigneur, Prends pitié (bis)
Jésus-Christ, écoute-nous (bis)
Jésus-Christ, Exauce-nous (bis)

Père du Ciel, Seigneur Dieu, Prends pitié de nous
Fils Rédempteur du monde, Seigneur Dieu, Prends pitié de nous
Saint-Esprit, Seigneur Dieu, Prends pitié de nous
Sainte Trinité un seul Dieu, Prends pitié de nous
Sainte Marie, Priez pour nous
Sainte Mère de Dieu, Priez pour nous
Sainte Vierge des vierges, Priez pour nous
Mère de Jésus, Priez pour nous
Mère du Christ, Priez pour nous
Mère du Sauveur, Priez pour nous
Mère du Seigneur, Priez pour nous
Mère conçue sans le péché originel, Priez pour nous
Mère très pure, Priez pour nous
Mère très chaste, Priez pour nous

Mère sans tache, Priez pour nous
Mère toujours Vierge, Priez pour nous
Mère digne d'amour, Priez pour nous
Mère admirable, Priez pour nous

Mère du Bon Conseil, Priez pour nous
Mère du Bel Amour, Priez pour nous
Mère de Miséricorde, Priez pour nous
Mère de l'Espérance, Priez pour nous
Mère de l'église, Priez pour nous
Mère de tous les hommes, Priez pour nous
Mère bénie entre les mères, Priez pour nous
Vierge comblée de grâces, Priez pour nous
Vierge très sainte, Priez pour nous
Vierge très humble, Priez pour nous
Vierge très pauvre, Priez pour nous
Vierge très croyante, Priez pour nous
Vierge très obéissante, Priez pour nous
Vierge très priante, Priez pour nous
Vierge très prudente, Priez pour nous
Vierge très fidèle, Priez pour nous
Vierge souffrante, Priez pour nous
Vierge digne de vénération, Priez pour nous
Vierge digne de louange, Priez pour nous
Vierge exultante, Priez pour nous
Vierge puissante, Priez pour nous
Vierge pleine de bonté, Priez pour nous
Vierge bénie entre les vierges, Priez pour nous
ève nouvelle, Priez pour nous
Fille de Sion, Priez pour nous
Héritière de la Promesse, Priez pour nous
Servante du Seigneur, Priez pour nous
Cité de Dieu, Priez pour nous
Demeure de la Sagesse, Priez pour nous
Miroir de la Sainteté divine, Priez pour nous
Cause de notre joie, Priez pour nous
Temple du Saint-Esprit, Priez pour nous

Demeure comblée de gloire, Priez pour nous
Demeure toute consacrée à Dieu, Priez pour nous
Rose mystique, Priez pour nous
Tour de David, Priez pour nous
Tour d'ivoire, Priez pour nous
Maison d'or, Priez pour nous
Arche de la nouvelle Alliance, Priez pour nous
Porte du Ciel, Priez pour nous
étoile du matin, Priez pour nous
Splendeur du monde, Priez pour nous
Femme bénie entre les femmes, Priez pour nous
Médiatrice de grâces, Priez pour nous
Soutien des consacrés, Priez pour nous
Modèle des épouses, Priez pour nous
Santé des malades, Priez pour nous
Refuge des pécheurs, Priez pour nous
Consolatrice des malheureux, Priez pour nous
Avocate des opprimés, Priez pour nous
Secours des chrétiens, Priez pour nous
Notre Dame du Perpétuel secours, Priez pour nous
Notre Dame des sept douleurs, Priez pour nous
Notre Dame de Lourdes, Priez pour nous
Notre Dame du mont Carmel, Priez pour nous
Notre Dame du Rosaire, Priez pour nous
Notre Dame du Sacré-Coeur, Priez pour nous
Notre Dame de la Divine Providence, Priez pour nous
Reine élevée au Ciel, Priez pour nous
Reine des anges, Priez pour nous
Reine des archanges, Priez pour nous
Reine des Patriarches, Priez pour nous
Reine des Prophètes, Priez pour nous
Reine des Apôtres, Priez pour nous
Reine des Martyrs, Priez pour nous
Reine des confesseurs, Priez pour nous
Reine des Pasteurs, Priez pour nous
Reine des missionnaires, Priez pour nous
Reine des docteurs, Priez pour nous
Reine des Vierges, Priez pour nous
Reine des consacrés, Priez pour nous
Reine des fidèles, Priez pour nous
Reine des pauvres, Priez pour nous
Reine de tous les saints, Priez pour nous
Reine du monde à venir, Priez pour nous
Reine de la Paix et de la Réconciliation, Priez pour nous
Reine de la famille, Priez pour nous
Reine des Missions, Priez pour nous

Agneau de Dieu qui enlèves les péchés du monde, épargne-nous, Seigneur
Agneau de Dieu qui enlèves les péchés du monde, Exauce-nous Seigneur
Agneau de Dieu qui enlèves les péchés du monde, Prends pitié de nous Seigneur

Priez pour nous Sainte Mère de Dieu,
Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :
Seigneur, daignez nous accorder, à nous vos serviteurs, de jouir toujours de la santé de l'âme et du corps ; et par la glorieuse intercession de la bienheureuse Marie toujours vierge, délivrez-nous des tristesses de la vie présente, et donnez-nous d'avoir part aux joies éternelles. Par Jésus, le Christ, Notre Seigneur.


Amen !

Le Cantique des Cantiques (extrait)

Reviens, reviens, ÔSulamite ! Reviens, reviens : que nous t'admirions !
Qu'admirez-vous de la Sulamite tandis qu'elle danse au milieu des deux chœurs ?
Comme ils sont beaux, tes pieds, dans tes sandales, fille de prince !
Les courbes de tes hanches dessinent des colliers, œuvre de mains artistes.
Ton nombril : une coupe ronde où le vin ne tarit pas.
Ton ventre : un monceau de blé dans un enclos de lis.
Tes deux seins : deux faons, jumeaux d'une gazelle.
Ton cou : une tour d'ivoire. Tes yeux : les vasques de Heshbone à la porte de Bath-Rabbim,
et ton nez, comme la Tour du Liban, sentinelle tournée vers Damas.
Ta tête se dresse comme le Carmel. Sa parure est de pourpre ; un roi s'est pris dans ces tresses.
Lui: Ah ! Que tu es belle ! Que tu es douce, amour, en tes caresses !
Tu es élancée comme le palmier, tes seins en sont les grappes. J'ai dit : je monterai au palmier, j'en saisirai les fruits.
Tes seins, qu'ils soient comme des grappes de raisins, ton haleine, comme une odeur de pomme, ta bouche, un vin exquis...
Elle : Il s'écoule vers mon bien-aimé, abreuvant des lèvres endormies.
Je suis à mon bien-aimé : vers moi, monte son désir.
Viens, mon bien-aimé... Nous sortirons dans les champs, nous passerons la nuit dans la campagne.
Au matin, nous irons dans les vignes, nous verrons si les pampres fleurissent, si le bourgeon s'est ouvert, si les grenadiers sont en fleurs. Là, je t'offrirai mes amours...
Les mandragores ont exhalé leur parfum...
Et à nos portes, toutes les délices, les nouvelles comme les anciennes. Mon bien-aimé, je les ai gardées pour toi.

Agni Parthene, Ô Vierge Pure

Ô Vierge Pure, Souveraine,
Immaculée mère de Dieu (Deipare)
Réjouis-Toi, Epouse inépousée
Ô Vierge Mère Reine,
Toison couverte de rosée.
Réjouis-Toi, Epouse inépousée.

 

Plus élevée que les cieux,
plus brillante que le soleil.
Réjouis-Toi, Epouse inépousée.
Ô joie des vierges surpassant les choeurs angéliques.
Réjouis-Toi, Epouse inépousée.

 

Plus splendide que les cieux,
plus pure que la lumière.
Réjouis-Toi, Epouse inépousée.
Plus sainte que les multitudes des armées célestes.
Réjouis-Toi, Epouse inépousée.

Marie toujours Vierge,
La Souveraine de l'univers.
Réjouis-Toi, Epouse inépousée.
Epouse vierge immaculée
Très sainte Reine toute pure.
Réjouis-Toi, Epouse inépousée.

Marie Epouse Souveraine,
La Source de notre joie.
Réjouis-Toi, Epouse inépousée.
Ô jeune Vierge vénérable,
Très Sainte Mère Impératrice
Réjouis-Toi, Epouse inépousée.

Plus vénérable que les Chérubins
et combien plus glorieuse
Réjouis-Toi, Epouse inépousée
Que les Séraphins incorporels.
Plus élevée que les Trônes.
Réjouis-Toi, Epouse inépousée.

Réjouis-Toi, chant des Chérubins.
Réjouis-Toi, hymne des Anges.
Réjouis-Toi, Epouse inépousée.
Cantique des Séraphins.
Réjouis -Toi Joie des Archanges.
Réjouis-Toi, Epouse inépousée.

Réjouis-Toi, Paix et Joie.
Réjouis-Toi Port du Salut.
Réjouis-Toi, Epouse inépousée.
Du Verbe sainte Chambre nuptiale,
Fleur d'incorruptibilité.
Réjouis-Toi, Epouse inépousée.

Réjouis-Toi, Paradis des joies
de l'éternelle vie.
Réjouis-Toi, Epouse inépousée.
Réjouis-Toi, Arbre de vie
et source d'immortalité.
Réjouis-Toi, Epouse inépousée.

Je Te prie, ô Souveraine,
je t'invoque maintenant.
Réjouis-Toi, Epouse inépousée.
Je Te supplie, ô Reine du monde,
j'implore Ta grâce.
Réjouis-Toi, Epouse inépousée.


Ô Vierge pure, vénérable,
très sainte Souveraine.
Réjouis-Toi, Epouse inépousée.
Avec ferveur je Te supplie,
ô Temple sanctifié.
Réjouis-Toi, Epouse inépousée.

Secours-moi, délivre-moi
de celui qui me fait la guerre.
Réjouis-Toi, Epouse inépousée.
Et fais de moi un héritier de la vie éternelle.
Réjouis-Toi, Epouse inépousée.

Les Saintes Maries de la Mer

« Sainte Marie Jacobé ou de Cléophas, sœur de la très Sainte Vierge et Sainte Marie Salomé, mère des apôtres Jacques et Jean, après avoir assisté à la passion, à la mort de N.S Jésus Christ et avoir eu la douleur de l'ensevelir dans son tombeau, furent persécutées à cause de leur fidélité à la Foi en la religion naîssante.
Elles furent chassées de la Judée et exposées sur la mer dans une frêle embarcation sans voile ni aucune nourriture. Elles devaient périr immanquablement si Dieu ne les eut protégées et dirigé leur barque qui arriva heureusement à la pointe orientale de la Camargue en Provence.
Sara campait avec sa Tribu dont elle était la reine en pleine forêt de pins parasols à l'endroit ou s'élève aujourd'hui Aigues-Mortes.
Avertie miraculeusement elle courut vers la mer et, s'étant dévêtue, elle étendit sur les vagues sa robe qui la porta vers les Saintes.
Baptisée de leurs mains, elle les conduisit au temple païen où de ce temps affluaient les grands pèlerinages de sa famille spirituelle.
Dès-lors, les nouveaux chrétiens bâtirent sur place, sûrement à l'emplacement de l'ancien temple, un premier oratoire afin d'y célébrer leurs mystères. »

La naissance du Bodhisattva

Fidèles, le temps approche.
Dans le ciel Touchita, des milliers de dieux se préparent à veiller sur la naissance du Bodhisattva, celui qui sera le Bouddha suprême.
Or, tandis que le Bodhisattva s'est retiré à l'écart et songe, les Dieux s'entretiennent de ceux qui devront être choisis pour parents.

Le fils d'un dieu leur dit :
"Allons auprès du Bodhisattva lui-même. Nous lui demanderons dans quelle famille douée de toutes les qualités il lui plaira de naître. Sans doute, il ne manquera pas de savoir."
"C'est bien!" Répondent-ils.
Et tous s'étant approchés du Bodhisattva, joignent les mains et tournent les yeux vers lui.
"Excellent, dans quelle famille, douée de toutes les qualités, te plairait-il de naître "

Ayant considéré cette immense assemblée qui l'entoure le Bodhisattva lève la main droite et dit:
"Il est une famille noble Ô Dieux où il me plaira de naître.
Elle abonde en femmes. Elle est pleine de science et n'ignore pas ce qu'elle fait.
Elle est libre de crainte et difficile à vaincre.
Elle possède en abondance des richesses, de l'or, des diamants, des perles, du cristal, des biens et des ustensiles. Elle est parfaite en tout.
Dans cette famille parfaite en tout, une femme est ornée des trente deux qualités propres à la mère d'un Bouddha.

Elle est belle comme les descriptions d'un livre, semblable aux nymphes qu'on appelle Aspâras, lorsqu'elles sont parées de somptueux ornements.
Elle n'est ni violente, ni dédaigneuse, ni inconsidérée.
Elle est vraiment sans tache, sans colère sans fierté, sans folie, sans emportement, sans envie.

Elle a un beau front, de beaux sourcils qu'elle ne fronce jamais.
Sa chevelure a la couleur de l'abeille noire.
Comme la feuille nouvelle du lotus blanc, son o&elig;il est parfaitement clair.
Ses lèvres sont rouges comme le fruit du bimba.
Elle charme la vue : ses épaules sont bien arrondies et ses bras s'y joignent avec grâce.
Sa taille est déliée comme la poignée d'un arc.
Ses jambes sont longues et ressemblent à celles de l'antilope harmonieuse.
Certes, elle charme la vue. Nous ne lui connaissons pas d'égale.
Et elle se nomme Mâyâ Dévi c'est-a-dire illusion car elle paraît une de ces images de rêve qui s'évanouissent au réveil.

Vous ne vous tromperez pas, dit le Bodhisattva. Je naîtrai à Kapilavastou.
Mon père sera Suddhodhana, roi des Sâkyas et Mâyâ Dévi parfaitement belle sera ma mère.

Fidèles, j'ai hâte d'en arriver à cette vie parfaite. "

Le Bodhisattva a déclaré :
"Je descendrai dans le sein de ma mère sous la forme d'un éléphant superbe à la tête rouge et majestueuse, armé de six défenses ; couvert d'un réseau d'or."
Et il dit voyant se lever le soleil :
« Aujourd'hui sera le premier jour.  »

Texte extrait de La Merveilleuse Légende de Siddharta Sakya-Mouni Bouddha, Claude Aveline, Ed. Claire Lumière (réédité aux Ed. Kailash en 2000).

Le Parc aux Daims

La route était longue jusqu'à Varanasi et le Bouddha progressait lentement à travers villes et villages. Il attirait tout le monde sur son passage. De haute taille, l'air noble, il se mouvait avec grâce et dignité. Sa seule vision apportait apaisement et joie. À chaque personne rencontrée il disait des paroles de joie et de réconfort. Qu'ils fussent riches ou pauvres, sots ou intelligents, de haute ou de basse caste, le Bouddha les traitait tous également avec grand amour et respect.

Il atteignit enfin le parc aux daims. Le voyant s'approcher de loin les hommes avec lesquels il avait autrefois pratiqué la méditation murmurèrent aussitôt entre eux: « Voici venir ce bon à rien de Siddhartâ, nous n'avons rien à faire avec cet homme inconstant. Faisons semblant de l'ignorer s'il vient tout près ».

À mesure que le Bouddha s'avançait, très vite les hommes sentirent que quelque chose de particulier émanait de sa personne. Modifiant leur attitude,ils se levèrent spontanément. Avec un grand respect ils lui arrangèrent un siège, disposèrent sa robe, lui apportèrent de l'eau et dirent :

« Bienvenue au parc aux daims Siddhartâ, nous sommes très honorés de ta visite. »
Le Bouddha répondit: « Ô Moines, je vous remercie pour votre aimable accueil. »

Alors, plein de vénération les cinq hommes dirent: «  Ô Bouddha, de grâce enseigne nous ce que tu as appris afin que nous aussi nous puissions nous éveiller. »
Et, c'est ainsi qu'en réponse à leur demande, le Bouddha fit son premier discours.

On l'appelle « L'ébranlement de la Roue du Dharma,  » Dharma voulant dire ici la vérité qu'il avait découverte.

« Ô Moines, commença-t-il, vous devez savoir qu'il y a quatre Nobles Vérités.

La première est la Noble Vérité de la Souffrance.
La vie est indissociable des souffrances de la naissance, de la vieillesse, de la maladie et de la mort. Les gens traquent le plaisir mais ne débusquent que la peine. Et, même quand ils font quelque chose d'agréable, ils ont vite fait de s'en lasser. Nulle part on ne trouve de réelle satisfaction ni de paix.

En deuxième vient la Noble vérité de la cause de la souffrance. Quand notre esprit est sous l'emprise de l'avidité et du désir, toutes sortes de souffrances s'ensuivent. Cette attitude ignorante et âpre est la source de tout mécontentement et nous prive de notre paix intérieure.

En troisième vient la Noble Vérité de la fin de la souffrance.
Quand nous vidons notre cœur de toute soif aveugle et de tout désir brûlant, la souffrance et l'insatisfaction cessent. Nous ressentons alors un bonheur de loin supérieur aux plaisirs ordinaires et une paix bien au-delà des mots.

Enfin, la quatrième Noble Vérité est la Noble Vérité du Chemin. Ce chemin conduit à la fin de toute souffrance. Si nous évitons de nuire à autrui, si nous aiguisons et concentrons notre esprit et acquérons de la sagesse, chacun de nous peut atteindre le bonheur parfait qui est la fin de toute souffrance. »

Quand ils entendirent ces paroles, les auditeurs de cet enseignement furent aussi heureux que s'ils avaient trouvé un trésor.

Texte extrait de Le Prince Siddhartha ,Jonathan Landway et Janet Rooke, Ed. Dharma, 1996

Je demeurerai moine

« Le Sâkya-Mouni chemine dans ses vêtements grossiers.
Il marche pendant des jours, mendiant sa nourriture , dormant sous un manguier ou au bord de la route. Enfin il arrive dans le royaume de Magadha, à Râjagrihâ, la capitale. Il en parcourt toutes le rues et, selon sa nouvelle habitude, mendie humblement, de porte en porte, sa nourriture.
Mais son air est à la fois si discret et si noble, son attitude si pleine de dignité que tous les habitants s'étonnent dans leur cœur.
Et le bruit qu'un homme doué de mille perfections corporelles mendie dans sa ville parvient jusqu'aux oreilles du roi Bimbisâra.
Le roi demande à le voir, mais l'ascète s'est retiré déjà au milieu de la campagne. A l'ombre du rocher Pândava, il mange.
C'est ainsi que le trouve le roi et ses courtisans.
Le roi Bimbisarâ l'observe et aussitôt, lui trouvant des grâces nombreuses tente de lui offrir des richesses, afin de la garder auprès de lui.

- Tu es beau. Je te donnerai tout ce qui peut flatter les sens et ravir l'esprit. Demeure dans mon palais Ô moine.
- Ô roi, l'eau salée ne fait qu'augmenter la soif de celui qui la boit.
La volupté appelle une volupté plus grande et souffre de ne pouvoir l'obtenir.
Je demeurerai moine, s'il te plaît.
- Comment peux-tu parler de richesses, mendiant qui vis d'aumônes ?

- Roi de Magadha, le roi de Kapilavastou était mon père, et les Sakyas mes sujets.
Connais par là que mes richesses égalaient les tiennes.
Je les ai abandonnées, cherchant l'apaisement et le calme… »

Texte extrait de La Merveilleuse Légende de Siddharta Sakya-Mouni Bouddhade, Claude Aveline, Ed. Claire Lumière (réédité aux Ed. Kailash en 2000).

Pour La Dernière Fois

Pour la dernière fois, Siddhârtha veut visiter le jardin de plaisance

Son âme, à présent, demeure absorbée, ayant connu ce que sont la mort, la vieillesse et la maladie. Il s'interroge et veut découvrir le remède, mais il ne trouve rien.

Un moine va,d'une marche régulière et calme, les yeux baissés, portant avec dignité les vêtements rougeâtres et le vase aux aumônes. Son regard qu'il relève parfois se porte en avant, ou à droite, ou à gauche, reflétant la lumière. Et son visage est reposé.

Alors voici que s'illumine celui de Siddhârta. Le fidèle vient de lui décrire la condition du religieux, et le prince y a discerné les conditions du salut. Maintenant ils continuent la promenade. Siddhârta ne ressent plus aucune tristesse, ni rien ne le décourage: le calme du saint homme l'a pénétré d'une façon mystérieuse et divine. Ils entrent dans Lumbini. De tous côtés retentissent les cris des cygnes et de paons. Les arbres des bosquets se penchent sur leur passage. Dans l'air, voltige la poussière odorante de toutes sortes de fleurs...

Texte extrait de La Merveilleuse Légende de Siddharta Sakya-Mouni Bouddha de Claude Aveline,Editions Claire Lumière (réédité au Editions Kailash en 2000).

Le Nirvânâ du Bouddha

Ils atteignirent la forêt à la tombée de la nuit. Après avoir demandé à Ananda de lui préparer une place entre deux arbres sala,le Bouddha s'y allongea sur le côté, la tête au nord.
Tous les moines s'assirent autour de lui, conscients de son proche passage dans le Nirvânâ cette nuit-là.
Il contempla les arbres et s'exclama :
" Ananda, regardez! Le printemps n'est pas encore là, mais les arbres sala sont déjà couverts de fleurs rouges.
Voyez-vous les pétales tomber sur la robe du Tathagata et sur celles des bhikkus ? Cette forêt est vraiment très belle.
Admirez l'horizon tout embrasé par le soleil couchant !
Entendez-vous la douce brise murmurer dans les branches des arbres?
Le Tathagata trouve toutes ces choses merveilleuses et touchantes.
Moines,si vous voulez m'être agréables et exprimer votre gratitude et votre respect envers le Tathagata, vous ne le pouvez qu'en incarnant l'enseignement
Ô moines, je n'ai rien gardé de mon enseignement, je vous ai tout donné ..."

...La population se rendit en masse dans la forêt, les bras chargés de fleurs, d'encens, d'instruments de musique et de banderoles.
Ils se prosternèrent et disposèrent des fleurs et de l'encens autour du corps de l'Eveillé.
Ils interprétèrent des chants et exécutèrent des danses funèbres...

Texte extrait de Sur les traces de Siddharta , Thich Nhat Hanh , Ed.  J.-C. Lattès, 1996 

Siddhârtha et Yasodharâ dans les jardins du palais

 Souddhodana se félicite dans son cœur.
Voilà que son fils, aimant Yasodharâ, s'est attaché à elle.
Le danger s'écarte. Avec joie il fait aménager magnifiquement et de nouveau les palais de Siddhârtha.Celui de l'été devient plus frais, celui d'hiver plus chaud.
Partout des fleurs de toutes saisons sont jetées et sur les dalles de marbre et de jaspe Comme sur les parquets de cèdre, il n'y a d'autres tapis que des fleurs, lotus blanc, lotus jaunes, lotus rouges et lotus bleus.
Les ornements de la demeure des eaux et ceux de la terre féconde en nourritures brillent de tous côtés. L'air frémit à chaque instant d'un chant d'oiseau.
Le jour Kounâlas et Kôkilas, la nuit un oiseau dont on ignore le nom, mais dont la voix est mélodieuse comme la chanson du fleuve.
Instruites dans l'art de la musique, de la danse et des plaisirs, les suivantes de Gopâ sont jeunes,belles, et parées avec soin.
La joie règne par toute la demeure, et rien ne vient blesser les ni les sens ni l'esprit.

Texte extrait de La Merveilleuse Légende de Siddharta Sakya-Mouni Bouddhade, Claude Aveline, Ed. Claire Lumière (réédité aux Ed. Kailash en 2000).

Le Signe Blessé

Un jour, alors que le prince était assis au jardin, un vol de cygnes blancs traversa le ciel. Soudain, une flèche tirée en l'air transperça l'un d'entre eux. Blessé, l'oiseau tomba aux pieds du prince, la flèche toujours fichée dans son aile. "Oh, pauvre cygne, murmura Siddhârta tout en ramassant délicatement l'oiseau meurtri, n'aie pas peur. Je te soignerai. D'abord, laisse-moi t'ôter cette flèche ". D'une main il caressa l'oiseau, apaisant sa frayeur, tandis que de l'autre il retirait doucement la flèche douloureuse. Le prince avait sur lui un baume spécial dont il frictionna légèrement l'aile de l'oiseau tout en lui parlant à voix basse pour calmer son angoisse. Enfin, prenant sa propre chemise en soie, il en enveloppa l'oiseau pour le réchauffer.

Peu après, un autre jeune homme arriva au jardin en courant. C'était Devadatta, le cousin du prince. Il était armé d'un arc et de flèches. "Siddhârta, Siddhârta ! Cria-t-il. Ecoute la nouvelle ! J'ai touché un cygne ! Je l'ai eu du premier coup ! Il est tombé dans les parages. Aide-moi à le chercher. "

S'approchant, il vit que le prince tenait quelque chose dans ses bras: c'était le cygne qu'il pourchassait. "Hé ! Tu as pris mon cygne, cria-t-il. Rends-le moi. Il est à moi, c'est moi qui l'ai touché !" Agacé, Devadatta voulut s'emparer de l'oiseau mais le prince le retint, empêchant même son cousin de le saisir.
"J'ai trouvé cet oiseau par terre et perdant son sang, dit le prince d'un ton ferme, et je n'ai aucunement l'intention de le donner à quelqu'un tant qu'il sera blessé."

Devadatta était de plus en plus furieux mais Siddhârta refusait de lui rendre le cygne. Finalement le prince dit: "Quand deux personnes se battent, elles exposent leur cas à un tribunal. Là, face à un groupe de personnes avisées, chacun raconte les faits tels qu'ils se sont produits. Alors les juges décident qui a raison. Je pense que toi et moi devrions faire de même."
Devadatta n'aimait pas trop cette idée, mais, comme c'était pour lui la seule façon de récupérer le cygne, il accepta. Ils se rendirent donc tous les deux au palais et comparurent devant le roi et ses ministres.

Chacun à leur tour, ils décrivirent ce qui s'était passé. Puis, les ministres tentèrent de décider lequel des deux avait raison et garderait par conséquent le cygne. Certains pensaient : "Puisque Devadatta a tiré sur le cygne, c'est donc à lui qu'il devrait revenir." D'autres affirmaient le contraire : "C'est Siddhârta qui a trouvé le cygne, c'est à lui qu'il doit appartenir." Longtemps, les ministres discutèrent de l'affaire.

Enfin, un vieil homme à l'air sage, que nul ne se souvenait avoir jamais vu auparavant, arriva à la cour. On lui raconta l'épisode du cygne.
Une fois qu'il l'eut entendu, il déclara ceci: "Chacun estime sa vie plus que tout autre chose au monde. Il est donc juste que le cygne revienne à celui qui a essayé de lui sauver la vie et non à celui qui a tenté de la lui prendre. Qu'on donne le cygne à Siddhârta."

Texte extrait de Le Prince Siddhartha ,Jonathan Landway et Janet Rooke, Ed. Dharma, 1996

La Naissance

La terre, unie comme la paume de la main , s'est couverte d'un gazon vert tel le cou des paons ; et il est doux au toucher comme un vêtement de Kâtchalindi.
Et quand Mâyâ s'approche, l'arbre s'incline en signe de respect.
Alors la reine, de son bras droit, prend une branche d'arbre plakcha, sourit au ciel et reste immobile. Elle baisse plus encore la branche et dans son léger effort son flanc s'entrouvre...
Et le Boddhisattva paraît.
La terre tremble, une pluie de fleurs célestes la recouvre.
Le ciel Touchita résonne de chants d'allégresse.
Tous les mondes resplendissent d'une lumière admirable.
Et ceux-là même qui étaient aveugles la voient et recouvrent la vue.
Et les muets parlent, si grand est leur désir de parler du Sauveur.
Les animaux perdent leur crainte.
Les chaînes des prisonniers se détachent et tombent.
Les feux des enfers s'éteignent.
L'eau de la mer se cache sous les roses d'eau de toutes les couleurs.
Tout devient pur, sacré, clair et calme.

Texte extrait de La Merveilleuse Légende de Siddharta Sakya-Mouni Bouddhade, Claude Aveline, Ed. Claire Lumière (réédité aux Ed. Kailash en 2000).

Le Chemin vers l'Eveil

"Puisque mon cœur ne se plaît pas dans le domaine des vanités, donne moi Kanthaka, roi entre les meilleurs chevaux. Je deviendrai bientôt le vainqueur de tous, le Seigneur de toute loi, l'ascète, le Mouni maître de la loi."
"Seigneur, partirez-vous cette nuit même ? Et celle-ci à l'œil pareil au lotus épanoui, ornée de colliers et de guirlandes de pierres précieuses, semblable à l'éclair qui jaillit des nuages amoncelés, ne la regarderez-vous pas, si belle sur sa couche ? Ces flûtes et ces instruments qui résonnent avec douceur ne les entendrez-vous pas ? Le jasmin, le lotus bleu, l'aloès, ne vous plairez-vous plus à les considérer ? Ces mets odorants, ne les goûterez-vous pas ?  Ou irez-vous Seigneur ? Ces vêtements très excellents, vous les laisserez aussi ? Seigneur, Seigneur, ou irez-vous ?"


"Il faut partir d'abord. Fais ce que je t'ordonne."


Alors Tchandaka, les yeux remplis de larmes, demande : "Maître qui connaissez le temps, qui connaissez le moment, qui connaissez la proportion de toute chose, serait-ce aujourd'hui le temps et le moment ? Pourquoi m'ordonnez-vous cela ?"


"Mon fidèle, c'est que le temps est venu."


"Maître, de quoi le temps est-il venu ?"


Et le Bodhisattva , levant le doigt répond : "Dans la recherche que j'ai faite du bien des êtres, j'ai décidé : après avoir obtenu de demeurer dans la Bodhi, (l'illumination exempte de vieillesse et de mort), je délivrerai les créatures. Telle est la prière que j'ai prononcée. Le temps de son accomplissement est venu. En cela est la Loi elle-même. Obéis et ne tente plus de me retenir."

Texte extrait de La Merveilleuse Légende de Siddharta Sakya-Mouni Bouddhade, Claude Aveline, Ed. Claire Lumière (réédité aux Ed. Kailash en 2000).

La Tentation de Mâra Pâpîyân

"Vois elles sont agréables , Seigneur. Regarde leur sein qui est ferme et arrondi, ces trois plis charmants à leur taille et leurs hanches larges et gracieusement élevées. Vois leur bras partagé par le bracelet qu'il remplit. Elles sont tes esclaves, Seigneur. Elles possèdent la science des voluptés et conduisent habilement les chœurs de chants et les danses."
La voix du désir n'est plus qu'un murmure insinuant, imperceptible. Mais le Futur Bouddha, songeant aux parfaites jouissances de l'Eveil, n'entend et ne voit rien. Et du haut du ciel Touchita, les dieux penchés s'écrient :
"Pâpîyân, comme le voyageur égaré tu es dans la mauvaise route et comme le chacal fuyant à la voix du lion, tu t'enfuiras aujourd'hui. Comme l'oiseau Pâpîyân, que le souffle du vent emporte, tu seras secoué, car tu es sans force comme un homme à qui l'on a coupé les mains et les pieds."
Entendant ces mots Mâra se redresse et avec violence interpelle le Bienheureux :

"Je suis le Seigneur du désir, le Maître de ce monde entier. Les dieux, la foule des hommes et les bêtes, assujettis par moi , sont tous tombés en mon pouvoir. Venu dans mon domaine, que veux-tu ? Lève-toi et parle en conséquence."
Le Futur Bouddha répond :
"Si tu es le Seigneur du désir, tu ne l'es pas de la Lumière. Regarde-moi : je suis le Seigneur de la Lumière."

Texte extrait de La Merveilleuse Légende de Siddharta Sakya-Mouni Bouddhade, Claude Aveline, Ed. Claire Lumière (réédité aux Ed. Kailash en 2000).

Soujâtâ

Dans un hameau en bordure de la forêt vivaient un berger et sa femme, Soujâtâ. Celle-ci était très heureuse car elle venait juste de mettre au monde son premier enfant. Avec le meilleur lait des vaches de son mari, elle prépara un mets délicieux qu'elle emporta en forêt comme offrande aux esprits qu'elle croyait hanter ces lieux. Souvent elle leur avait adressé des prières et voulait les remercier de l'avoir aider à accoucher d'un enfant en aussi bonne santé.

Comme elle pénétrait dans la forêt, elle aperçu Siddhartha qui se tenait là. Son corps était maigre et faible, mais son visage éclatait de beauté. Soujâtâ le considéra avec surprise. « Je n'ai jamais vu quelqu'un de semblable auparavant, pensa-t-elle. C'est peut-être le roi des esprits de l'arbre, en personne ! » Et, prenant la nourriture qu'elle avait préparée tout spécialement, elle la déposa à ses pieds.

Lentement, Siddhartha ouvrit les yeux et vit le bol. Souriant silencieusement à Soujâtâ, il le porta à ses lèvres et se mit à boire. À son grand étonnement, au fur et à mesure qu'il buvait, son corps devenait de plus en plus radieux. Quand il eut terminé, il reposa le bol et la remercia pas ces mots : « Vous me preniez pour un esprit, mais je ne suis qu'un homme à la recherche de la vérité. Votre offrande m'a redonné des forces. Maintenant, je suis sûr de pouvoir la découvrir. De grands bienfaits découleront de ce que vous avez fait aujourd'hui. Merci. »

Texte extrait de Le Prince Siddhartha ,Jonathan Landway et Janet Rooke, Ed. Dharma, 1996

La Prière de Sumaghada

" Bienheureux, il se trouve ici des êtres qui méritent votre compassion et qui ne connaissent pas les Trois Joyaux. Moi votre disciple, me voici maintenant comme une biche chassée du jardin où reposent les lotus de vos pieds. Je demeure si loin de vous ! Posez sur moi votre regard plein de tendresse ! Je vous prie de venir vous restaurer chez nous demain en compagnie de tous vos moines. Protecteur de tous le êtres. Veuillez accéder à ma requête ! »

Elle ouvrit les mains et jeta en l'air les fleurs blanches, jaunes, rouges et bleues qui se mêlèrent aux volutes d'encens. Exhalant un parfum merveilleux, elles disparurent lentement dans le ciel pour venir se poser doucement, respectueusement, aux pieds du Maître. Entendant la voix mélodieuse de Sumaghada exprimer sa demande, le Bouddha dit à Ananda : Sumaghada nous invite à un repas demain, Nous irons !

Texte extrait de La liane magique. Les hauts faits du Bodhisattva contés par le Bouddha, Kshemendra, Ed. Padmakara, 2001

Le Sutra sur la Jeunesse et le Bonheur

« Voici ce que j'ai entendu alors que le Bouddha séjournait au monastère de La Forêt de Bambous près de la ville de Rajagraha.  »

Cette fois-là, tôt le matin, un bhiksu s'approcha des bords de la rivière, enleva ses robes, les laissa sur la berge et entra dans la rivière pour se baigner. Après son bain, il sortit de la rivière, monta sur la berge, s'habilla d'une seule robe et attendit d'être sec. À ce moment, une Deva au corps entouré de lumière apparut, éclairant le bord de la rivière.

La déesse dit au bhiksu : "Vous êtes devenu moine récemment, vos cheveux sont encore noirs, vous êtes très jeune. Normalement en ce moment vous devriez être parfumé, paré de pierres précieuses et de guirlandes de fleurs, de façon à pouvoir apprécier les cinq sortes de plaisirs des sens. Mais vous avez abandonné ceux que vous aimez et tourné le dos à la vie mondaine. Vous souhaitez endurer une vie solitaire, vous avez rasé votre chevelure et votre barbe, revêtu la robe monastique, placé votre foi dans la vie monacale et l'apprentissage de la voie de la pratique. Pourquoi avez vous abandonné les plaisirs du moment présent pour chercher les plaisirs qui appartiennent au monde intemporel ?"

Le bhiksu répondit : "Je n'ai pas abandonné les plaisirs du moment présent pour chercher les plaisirs du monde intemporel. J'ai abandonné les plaisirs non appropriés pour les vrais plaisirs du moment présent."

La déesse demanda : "Comment abandonne-t-on les plaisirs non appropriés pour arriver aux véritables plaisirs du moment présent ?"

"Le Très Honoré a enseigné : "Dans la joie non appropriée associée aux désirs des sens il y a peu de douceur et beaucoup d'amertume; ses bénéfices sont minimes mais sa capacité à conduire au désastre est grande. Maintenant, alors que je m'établis dans le Dharma disponible ici et maintenant, je suis capable d'abandonner le feu des afflictions (klésas) qui nous enfièvre. Le Dharma est disponible ici et maintenant, est en dehors du temps, nous invite à venir et à le voir. Il doit être expérimenté par chaque personne pour elle-même. C'est ce que veut dire abandonner les plaisirs non appropriés pour atteindre le plaisir du moment présent."

La déesse demanda à nouveau au bhiksu : "Pourquoi le Très Honoré dit-il que dans les plaisirs non appropriés des désirs sensuels il y a peu de douceur et beaucoup d'amertume, que ses bénéfices sont minimes mais que leur capacité à conduire au désastre est grande ? Pourquoi dit-il que si nous nous établissons dans le Dharma disponible ici et maintenant nous sommes capables d'abandonner le feu des afflictions qui nous enfièvrent ? Pourquoi dit-il que ce Dharma appartient au moment présent, est en dehors du temps, nous invite à venir et à le voir et est disponible ici et maintenant, réalisé et expérimenté par chaque personne pour elle-même ?"

Le bhiksu répondit : "Je ne suis ordonné que depuis deux ou trois ans. Je ne suis pas capable d'expliquer de manière complète les enseignements corrects et les préceptes proclamés par le Très Honoré. À présent le Très Honoré vit près d'ici dans La Forêt de Bambous. Vous pourriez aller le voir et lui présenter vos questions. Le Tathâgata vous enseignera le vrai Dharma que vous recevrez et pratiquerez de la manière jugée convenable par vous-même."

La déesse répondit : "Vénérable bhiksu, en ce moment le Tathâgata est entouré de dieux possédant beaucoup de puissance et d'influence. II serait difficile d'avoir la possibilité de l'approcher et de lui poser des questions sur le Dharma. Si vous vouliez approcher le Tathâgata de ma part et lui poser mes questions, j'irais avec vous."

Le bhiksu répondit : "Je vous aiderai."
La déesse dit : "Alors, je vous suivrai."
Le bhiksu se rendit là où le Bouddha résidait, inclina la tête et se prosterna devant le Bouddha, puis recula un peu et s'assit sur le côté. II répéta au Bouddha la conversation qu'il venait d'avoir avec la déesse. Ensuite il dit : "Très Honoré, si cette déesse a parlé avec sincérité elle doit être déjà là. Si ses paroles n'étaient pas sincères elle ne serait pas venue. À ce moment on entendit au loin la voix de la déesse : "Révérend moine, je suis là, je suis là."

 

Le Très Honoré récita immédiatement le gatha suivant :
"Les êtres suivent leurs perceptions basées sur le désir.
Fidèles à ces perceptions ils ne comprennent pas ce qu'est le désir des sens.
Et ainsi s'engagent sur le chemin de la mort."

Alors le Bouddha demanda à la déesse : "Comprenez-vous ce gatha ? Si vous ne l'avez pas compris dites-le."
La déesse s'adressa au Bouddha : "Je n'ai pas compris Très Honoré."

Le Bouddha récita un autre gatha pour la déesse:
"Lorsque vous connaîtrez la base des désirs des sens
L'esprit qui désire n'apparaîtra pas.
Lorsqu'il n'y a pas de désir sensuel,
Il ne donne naissance à aucune perception
Et personne ne peut le tenter."

Le Bouddha lui demanda : "Avez-vous compris ce gatha ? Sinon vous devez le dire."
La déesse s'adressa au Bouddha : "Je n'ai pas compris Très Honoré. Je n'ai pas compris Très Honoré."

Le Bouddha récita un autre gatha pour la déesse:
"Si nous avons le complexe d'être plus, moins ou égal,
Nous occasionnons des querelles.
Lorsque les trois complexes cessent,
Rien n'agite notre esprit."

Alors le Bouddha lui demanda : "Avez-vous compris ce gatha ? Sinon vous devez le dire."

La déesse s'adressa au Bouddha : "Je n'ai pas compris Très Honoré. Je n'ai pas compris Très Honoré."

Le Bouddha récita un autre gatha pour la déesse:
"Mettant fin au désir, au nom et à la forme,
Retirant l'orgueil, les chaînes sont enlevées.
Mettant une fin à la colère, aux formations internes et au désir,
Il est libéré dans tous les mondes, dans cette vie et dans les vies à venir."

Ensuite le Bouddha lui demanda : "Avez-vous compris ce gatha ? Sinon vous devez le dire."
La déesse s'adressa au Bouddha : "J'ai compris Très Honoré, j'ai compris Très Honoré."

Le Bouddha avait terminé le discours. La déesse était enchantée de ce qu'elle avait entendu et, pratiquant selon ces enseignements, elle disparut sans laisser nulle part aucune trace.

Samyukta Agama Soutra 1078, dans Chants du Coeur et la Sangha du Village des Pruniers, Thich Nhat Hanh, Ed. Sully, 2009

Le Cordonnier Indien

Dans une petite ville de l’Inde, vivait un cordonnier nommé Chandra.

 

Par beau temps, il travaillait sur une natte de couleur posée à même le sol. On entendait très tôt le matin résonner son marteau sur le cuir des sandales.

Chandra chantait souvent, car il était heureux, heureux de tout .

 

Lorsque le soleil inondait la place où se bousculait la foule il se réjouissait disant :

« Il fait si beau, et quel bonheur d’être aussi bien entouré… »

Et lorsqu’il entendait les enfants jouer bruyamment il ajoutait :

« Leur cri n’est pas différent du chant des oiseaux… »

Si la pluie venait a tomber, il jubilait :

« Les fleurs, les arbres vont étancher leur soif… »

Et devant la place déserte, seulement peuplée d’un arbre immense :

« Quel calme, quelle paix, ce silence est une douce musique… »

Non loin d’ici, habitait un brahmane, un religieux érudit.

 

Lui ne souriait pas, et mettait beaucoup de soin a accomplir les pratiques religieuses.

Mais jamais au grand jamais un seul mot amical ou bienveillant ne serait sorti de ses lèvres pincées.

Très soucieux de sa pureté, il se baignait plusieurs fois par jour et n’aurait pas toléré que même l’ombre d’une personne inférieure à son rang ne l’effleure.

Conscient de son importance et de ses responsabilités, il n’hésitait pas à regarder les autres de très haut, presque tous le craignait.

Un jour, vint à passer Narada, le grand sage qui a le pouvoir de voyager dans tout l’Univers.

Ce jeune homme très beau, bien qu’ayant pris naissance depuis plusieurs siècles est le messager d’entre les Mondes…

Il s’adressa au brahmane :

« J’ai une grande nouvelle pour toi, dans trois vies seulement tu seras libéré et tu connaîtras le Paradis. »

Le religieux entra dans une colère épouvantable, il éructa :

 

« Levé avant l’aube, je pratique quotidiennement les rites avec le plus grand soin, veillant scrupuleusement à ma nourriture, je ne consomme aucun aliment impur…

Les textes sacrés me sont familiers depuis mon plus jeune âge, et je suis de noble naissance.

Comment une telle infamie serait-elle possible, trois vies encore dans ce monde de misère !

Je refuse de te croire, qui dit que tu n’es pas un imposteur ? »

Sans se départir d’un sourire céleste, Narada qui pour tout bagage ne possède que son dothi, vêtement de coton et un luth s’approcha du cordonnier :

 

« Voilà que tu travailles aujourd’hui à l’ombre de ce grand arbre couvert de millions de feuilles, écoute ceci :

 

Dans autant de vies qu’il y a de feuilles sur cet arbre, tu connaîtras le Paradis »

 

Chandra se mit alors à pleurer de joie.

 

« Comment cela ?  Dans si peu de vies seulement je vais retourner au Paradis des Libérés ? Quelle merveilleuse bénédiction! »

 

A cet instant l’on entendit comme un vent musical, ou était-ce une musique qui soufflait doucement ?

Toujours est-il que cette brise emporta toutes les feuilles de l’arbre qui retombaient en pierres précieuses…

 

Narada dit alors :

 

« Nous tous sur terre, avons eu l’occasion de marcher dans le Paradis, pour quelques secondes, quelques heures ou même parfois durant des années, mais trop souvent nous ne nous en sommes même pas rendu compte, pourquoi ?

Si nous ne faisons pas exister la parcelle de Paradis qui est en nous, aveugles nous serons de celle qui nous entoure, quand bien même nous aurions les deux pieds posés dessus…

 

Alors chaque jour qui passe, embellit ta vie, à son tour elle embellira ton cœur , et le véritable bonheur ne te quittera jamais plus.

 

Histoire traditionnelle de l'Inde

Cherche-Le dans ton coeur

Si Allah demeure dans une mosquée,
à qui appartient le reste du monde ?
Les hindous disent qu'il demeure dans l'idole :
Les uns et les autres se trompent !
O Allah-Ram , c'est pour Toi que je vis,
O Maître aie pitié de moi !

On dit que Hari Vishnou demeure au Sud,
et qu'Allah réside à l'Ouest :
cherche-Le dans ton cœur, cherche-Le dans tous les cœurs :
là est sa demeure et sa résidence !

Tous les êtres, hommes et femmes, sont tes créatures ils sont tous des formes de Toi-même,
Kabir est le disciple de Ram et d'Allah. Tous les êtres sont mes gurus et mes guides.

Dit Kabir :
Ecoutez, hommes et femmes,
prenez refuge dans l'Unique,
Invoquez seulement
Le Nom de l'Unique,
Ô créatures,
Et vous êtes assurées du salut !

Extrait de Au cabaret de l'amour, Paroles de  Kabir, Charlotte Vaudeville, Ed. Gallimard, 1986

Des fleurs le long du chemin (Le Porteur d'Eau)

Un porteur d'eau indien avait deux grandes jarres suspendues aux deux extrémités d'une pièce de bois qui épousait la forme de ses épaules. L'une des jarres avait un éclat, et alors que l'autre jarre conservait parfaitement toute son eau de source jusqu'à la maison de son maître, l'autre jarre perdait presque la moitié de sa précieuse cargaison en cours de route.

Cela dura deux ans pendant lesquels le porteur d'eau ne livrait qu'une jarre et demi d'eau à chacun de ses voyages. Bien sûr, la jarre parfaite était fière d'elle, puisqu'elle parvenait à remplir sa fonction du début jusqu'à la fin sans faille. La jarre abîmée avait honte de son imperfection et se sentait déprimée parce qu'elle ne parvenait à accomplir que la moitié de ce dont elle était censé être capable.

Au bout de deux ans de ce qu'elle considérait comme un échec permanent, la jarre endommagée s'adressa au porteur d'eau, au moment ou celui-ci la remplissait à la source : 

"Je me sens coupable, et je te prie de m'excuser." "Pourquoi ?" demanda le porteur d'eau. "De quoi as-tu honte ?" "Je n'ai réussi qu'à porter la moitié de notre cargaison d'eau à notre maître, pendant ces deux ans, à cause de cet éclat qui fait fuir l'eau. Par ma faute tu fais tous ces efforts et la fin, tu ne livres à notre maître que la moitié de l'eau. Tu n'obtiens pas la reconnaissance complète de tes efforts", lui dit la jarre abîmée. Le porteur d'eau fut touché par cette confession, et, plein de compassion répondit : "Pendant que nous retournons à la maison du maître, je veux que tu regardes les fleurs magnifiques qu'il y a au bord du chemin".

Au fur et à mesure de leur montée sur le chemin, au long de la colline, la vieille jarre vit de magnifiques fleurs baignées de soleil sur le bord du chemin, et cela lui mit du baume au coeur. Mais à la fin du parcours, elle se sentait toujours aussi mal parce qu'elle avait encore perdu la moitié de son eau.

Le porteur d'eau dit à la jarre "T'es-tu rendue compte qu'il n'y avait de belles fleurs que de TON côté et presque aucune du côté de la jarre parfaite ? C'est parce que j'ai toujours su que tu perdais de l'eau et j'en ai tiré parti. J'ai planté des semences de fleurs de ton côté du chemin, et chaque jour, tu les as arrosées tout au long du chemin. Pendant deux ans j'ai pu grâce à toi cueillir de magnifiques fleurs qui ont décoré la table du maître. Sans toi, jamais je n'aurais pu trouver des fleurs aussi fraîches et gracieuses."

 

Histoire traditionnelle indienne, tirée de la revue Ici et Maintenant, n° 8, Liège, Belgique

Le Prince et la Pierre Magique

Un jour, à la fin d'un enseignement dans le parc de Jeta, à Shravasti, le bienheureux conta ce qui suit :

« Autrefois, le Roi des Rois, souverain aux immenses mérites, eut un héritier qui dans son existence précédente, avait été le fils du roi des Nagas. Dans sa vie antérieure comme dans la présente, le prince avait reçu le nom de Sarvarthasiddha, "Celui qui peut tout" car il était en réalité un bodhisattva doué d'un grand courage. L'enfant à peine né, la clarté de son corps emplissait déjà le monde entier de rayons éclatants. En grandissant, sa renommée s'étendit jusqu'aux demeures des dieux, qui descendaient tous pour lui rendre hommage.

Un jour, le prince attela son char pour aller admirer la forêt. Passant devant un vieillard tout ratatiné, le visage de Sarvarthasiddha s'assombrit : il comprit soudain la fragilité de son corps physique. L'envie de se promener le quitta, il fit demi-tour. En chemin il croisa un mendiant que richesse et beauté avaient fui, le livrant désarmé à la torture de ses émotions conflictuelles. (...)
"Cependant, si je veux donner une chance à tous les êtres qui souffrent de pénurie, il me faut prendre la mer en quête de la Pierre magique !"

Sarvarthasiddha exposa son projet à son père et obtint son accord. Il se joignit à des marchands qui partaient pour la même destination que lui. Abordant à l'île aux trésors, le prince dit à ses compagnons :

"Attendez ici en rassemblant autant de joyaux que vous le désirez. Quant à moi, je suis amplement pourvu de ces richesses-là. Ce que je cherche, et j'y consacrerai tous les efforts nécessaires, c'est la Pierre magique, celle qui à le pouvoir d'enrayer toute la pauvreté du monde. On dit qu'elle se trouve dans la demeure marine du roi des Nagas. Je vais la lui demander afin d'établir dans le bonheur et la joie tous les malheureux de notre univers de Jambudvipa. Par la vérité de ma quête, je souhaite que jusqu'à mon retour, vous n'ayez à connaître ni peur ni difficulté !"

Courageusement, Sarvarthasiddha se mit en route vers les mondes océaniques des Nagas. Pendant sept jours, il marcha avec de l'eau jusqu'aux chevilles, pendant sept jours avec de l'eau jusqu'aux genoux, et pendant sept jours avec de l'eau jusqu'aux cou. Les sept derniers jours, il dut nager. Au bout de ce mois d'épreuves, il parvint dans une île peuplée de monstres. Les uns lançaient leur venin par les crocs, les autres par le regard. Le prince médita sur l'amour et neutralisa tous les poisons.

Il arriva ensuite au pays des esprits coléreux et agités, les Yakshas. De nouveau il médita sur l'amour jusqu'à ce que, subjugués, ils le supplient :

"Quand ta quête aura pris fin et que tu seras devenu Bouddha, puissions-nous être tes disciples et entendre ton enseignement !"

Sarvarthasiddha traversa ensuite le terrifiant royaumes des cannibales. Conquis aussi par la force de sa bonté, ils le comblèrent d'offrandes puis le prenant sur leurs épaules, ils le transportèrent en un instant au pays de Nagas.

Quel lieu de joie et de splendeurs que ce château sous-marin ! Pourtant on n'y entendait que pleurs et lamentations. Inquiet, le prince interrogea les jeunes sirènes qui nageaient alentour. Se tordant de douleur et poussant de longs soupirs plaintifs qui les enveloppaient de bulles noires, elles gémirent :

"Sarvarthasiddha, le fils aîné de notre roi est mort il y a bien longtemps mais notre chagrin ne diminue pas !"

Le prince reconnut alors son ancien palais. Soulevé d'allégresse, il y entra pour saluer ses parents d'alors. Le roi et la reine le reconnurent de loin et l'appelèrent auprès d'eux. La cour pleurait maintenant de joie. Sarvarthasiddha conta comment il avait pris naissance dans le monde des hommes et les raisons de sa venue. Le roi lui dit :

"Mon fils bien-aimé, prends la Pierre magique au centre de ma couronne. Avec elle, tout devient possible. Et quand tu auras secouru les êtres-humains, rends-la moi s'il te plaît !"

Le coeur plein de joie et de gratitude, le prince reçut entre ses mains la gemme sans pareil et fit ses adieux.
Il était arrivé auprès du navire et de ses compagnons quand les esprits protecteurs des océans l'aperçurent :
"Montre-nous la pierre ! Montre-nous la pierre !" piaillaient-ils.
Sarvarthasiddha, sincère et droit, tendit la main sans méfiance. Mais la vue du somptueux joyau qui brillait d'un éclat doré aussi vif que le soleil, éveilla la convoitise des esprits. Ils bousculèrent la main du jeune homme et la Pierre tomba au fond de l'océan.

 

"Comment avez-vous pu faire une chose aussi méchante ? D'un cœur pur et aimant, je vous ai montré cette pierre gagnée au prix de tant d'efforts. En général quand les êtres contemplent une telle merveille, leurs pensées de jalousie et de rivalité s'apaisent, mais vous, vous en avez été enflammés comme d'un brasier ! Se réjouir du bien-être et du bonheur d'autrui rend votre mérite blanc et transparent comme le camphre et le monde entier vous bénit. Esprits protecteurs des eaux, rendez-moi la pierre magique ou je viderai cet océan, votre demeure !"

Sarvarthasiddha réitéra cet ordre à plusieurs reprises mais les esprits refusèrent de s'exécuter. Indra, l'un des rois des dieux, pria donc l'artisan céleste Vishvakarma de prêter au prince sa louche personnelle, assez vaste pour contenir une montagne. Le jeune homme entreprit alors d'écoper l'océan, jetant d'énormes louchées d'eau au fond de l'espace. Quand il en eu vidé les deux tiers, les esprits, n'y tenant plus, lui rendirent la Pierre. Le prince embarqua alors avec ses compagnons et le navire reprit la mer. Les vents les portèrent rapidement jusqu'à leur pays. Le roi fier de son fils l'accueillit fastueusement. La Pierre magique fut attachée au sommet d'une bannière de victoire et la nouvelle annoncée au monde entier. Sarvarthasiddha, courageux trésor de compassion, déclara :

"J'ai ramené cette Pierre aux prix d'immenses efforts, non pour mon bénéfice, mais pour aider autrui. Par la vérité de ces paroles, puisse la pauvreté disparaître ! Puissent joie et bonheur régner dans le monde entier !"

À peine avait-il parlé que, dans toutes les régions du monde, on vit tomber une pluie de pierres précieuses. Chacun des êtres se trouva comblé et la mendicité disparut.

Sarvarthasiddha rendit alors la Pierre au roi des Nagas comme il l'avait promis.

"J'étais le prince Sarvarthasiddha", dit le Bouddha.  

Ce conte montrant les fruits de l'effort et de la persévérance, est la quarante-huitième feuille de la Liane magique qui exauce tous les souhaits.

Conte extrait de Les contes de Jataka - Volume 2, Anne Benson , Ed. Padmakara, 1998

La Reine Semeuse de Lotus

es moines dirent au Bouddha :
« Bienheureux, lorsque vous avez quitté la palais de votre père, votre épouse Yashodara attendait un enfant. Ensuite pendant 6 ans vous avez pratiqué l'ascèse et,au terme d'une méditation semblable au diamant, la véritable sagesse s'est épanouie en votre coeur : vous avez conquis la bouddhéité. Au même instant Yashodhara accouchait d'un fils, Rahula, qui vous ressemblait en tous points. Incrédule, le roi Shuddhodana s'en est pris à sa bru :
"J'aimerais bien connaitre le père de cet enfant qui naît 6 ans après que le Boddhisatva ait quitté la vie familiale ! Madame, votre fils doit être exécuté. Saisie de compassion pour le nouveau-né, vous avez envoyé à votre père un message magique, qui lui a demandé d'épargner le bébé. Sa majesté a pourtant donné l'ordre de lester votre fils d'une pierre et de le jeter dans le torrent."

Rahula ne s'est pas noyé, il flottait à la surface de l'eau, assis en tailleur sur la pierre. Ce miracle n'a pas apaisé la colère du roi Shuddhodana et Yashodhara, désespérée, en a longtemps souffert. Qu'avait-elle donc fait dans ses vies passées pour mériter un tel sort ?
"Il y a bien longtemps, répondit le bienheureux, le célèbre Bramhadatta régnait sur la cité de Kapila. Fin bretteur, il prenait souvent la tête de ses armées pour guerroyer contre ses ennemis.
Un jour le roi monta à cheval et s'éloigna dans la forêt. Le soleil brûlait et des gouttes de sueur tombaient de son front comme une pluie de perles. Immobiles, les petits faons l'observaient à travers les feuillages des fourrés. Au milieu de ces bois vivait un ermite. Une biche qui, un jour de soif ardente, avait bu l'urine du saint homme avait absorbé en même temps un peu de son sperme et donné le jour à une petite fille ravissante. À chaque pas que faisait l'enfant, naissait une fleur de lotus. Devenue jeune fille, elle allait puiser de l'eau à la source quand Bramhadatta l'aperçut. Foudroyé devant tant de fraîche beauté, le roi tomba éperdument amoureux d'elle.
"Viens avec moi ! lui dit-il. Je ferai de toi ma reine."
Semeuse de Lotus, émue elle aussi, le questionna avidement :
"Qui es-tu donc ? Et quel est ton pays ?"

Assis au bord de la source à l'ombre des frondaisons, les amoureux passèrent un long moment à se conter leurs vies. De retour auprès de son père, la jeune femme le pressa de questions sur toutes ces choses inconnues dont Bramhadatta lui avait parlé. L'ermite la mit en garde avec bienveillance :
"Si tu abandonnes la paix des forêts pour épouser un homme du monde, le piège de la souffrance se refermera sur toi. Mais présente moi donc ce roi !"
Semeuse de Lotus courut chercher son prétendant. Ayant fait connaissance avec le souverain, l'ascète le jugea digne d'amitié et lui offrit sa fille en mariage. Il posa cependant deux conditions :
"Semeuse de Lotus a toujours vécu dans les forêts solitaires, elle ignore les mœurs du monde. Tu ne devras jamais la gronder ni te fâcher contre elle.
"Aussi longtemps qu'elle vivra, elle sera ma reine et je veillerai sur elle", promit Bramhadatta.

 

Il fit monter en croupe sa fiancée sauvage et rentra au palais de Kapila. Il ordonna une cérémonie fastueuse au cours de laquelle il éleva sa jeune épouse au rang de première reine.
Semeuse de Lotus ne tarda pas à se retrouver enceinte. Ivres de jalousie,les autre reines ourdirent une manœuvre infâme. "Il faut toujours avoir les yeux bandés au moment de l'accouchement", dirent-elles à la jeune reine, profitant de son innocente candeur. Elles nouèrent un bandeau sur ses yeux, puis barbouillèrent son visage et ses lèvres de sang. Elles avaient décidé de tuer l'enfant à la naissance. La jeune reine, élevée dans les profondeurs de la forêt ne connaissait rien des fourberies humaines. Elle crut donc tout ce qu'on lui raconta et se laissa faire docilement.
Quand Semeuse de Lotus mit au monde deux garçons dont le corps luisait comme de l'or poli, les perfides lui annoncèrent qu'on venait de la délivrer non d'un enfant mais d'une masse de chair informe. Elles cachèrent les jumeaux dans un coffre scellé qu'elles jetèrent dans le fleuve. Le roi rendit visite à la reine et demanda des nouvelles de l'accouchement. Les meurtrières qui avaient rallié à elles les courtisans répondirent d'une seule voix :
"La reine qui a donné naissance à deux magnifiques garçons, mais, sous l'emprise d'un instinct cannibale, elle les a aussitôt dévorés !"
Regardant Semeuse de Lotus, le roi vit avec horreur son visage et sa bouche maculés de sang. Il ordonna son exécution immédiate et la fit emmener. Le ministre Prévoyance Intelligente se douta que la jeune reine avait été l'innocente victime des machinations des autre épouses. Au lieu de la tuer, il la cacha chez lui.
Sur ces entrefaites, la Déesse Shantala, protectrice du pays de Semeuse de Lotus et de son père l'ermite, arriva en volant dans les airs. Sans se rendre visible, elle dit à haute et intelligible voix :
"Roi Bramhadatta, vous avez commis un crime en condamnant à mort, sans enquête, une reine innocente ! Cette jeune fille née d'un ascète et d'une biche, avait l'esprit pur. Elle a été trompée par vos autres épouses à la pensée retorse, expertes en intrigues. Et vous-même, vous avez été berné par la mise en scène inspirée par leur jalousie !"
Frappé au coeur par un indicible regret, le roi tomba évanoui. Dès qu'il eût repris connaissance, il demanda des explications à ses épouses sur les paroles de la déesse et, tremblant de rage, menaça de les tuer. Terrifiées, elles avouèrent.
C'est alors que des pécheurs trouvèrent dans le Gange un coffre fermé du sceau royal. Ils le rapportèrent donc au souverain. En l'ouvrant, Bramhadatta découvrit deux superbes nouveau-nés. Toute la population s'extasia : les enfants ressemblaient au roi comme deux gouttes d'eau. Prenant ses fils sur ses genoux le roi fondit en larmes, écrasé de douleur :
"Me voila séparé à jamais de celle que j'aimais tant !"

 

Prévoyance Intelligente confessa que n'ayant pu se résoudre à tuer la reine, il la gardait cachée chez lui. Plus heureux qu'un mort à qui la vie est rendue, Bramhadatta courut chez le ministre pour voir de ses propres yeux Semeuse de Lotus. Il l'invita à assister à l'exécution de ses méchantes épouses. La jeune reine déclina son offre :
"Sire, je n'aime pas vous entendre parler ainsi ! Riposter à la colère par la colère ne fait que nourrir la colère. Si nous répondons à la haine par la haine, sans fin nous verrons d'autre ennemis se dresser devant nous. Peut-on éteindre un feu en le frappant de bois sec ? Le bonheur et la souffrance de chacun dépendent de chacun de ses actes passés. Pour vaincre la haine méditez sur la tolérance : tous deviendront vos alliés. Quant à moi, je pars rejoindre mon père dans la forêt des ascètes."
Bramhadatta eût beau la supplier de rester, elle ne voulut rien entendre. À son retour dans sa forêt natale, les cerfs et les biches la reçurent et la servirent avec joie. Elle se hâta vers la demeure paternelle mais le saint homme avait quitté son corps et la grotte était vide.
Cette vue emplit Semeuse de Lotus d'une tristesse inexprimable. La certitude intime que tout ce qui existe dans l'univers est voué à une disparition inéluctable la submergea. Profondément dégoûtée du monde, la jeune femme abandonna tout attachement et adopta une vie de renoncement, errant dans les lieux inhabités.
Au hasard de ce vagabondage, elle arriva un jour près de Bénarès, où le roi Krikin la vit. Il s'éprit d'elle et l'invita respectueusement à bénéficier de sa protection. Bramhadatta, qui avait posté des espions partout dans l'espoir de retrouver sa bien-aimée, fut informé de la présence de Semeuse de Lotus à Bénarès. Il se déguisa en brahmane, la retrouva et la ramena dans son palais de Kapila. Durant tout le temps où Semeuse de Lotus était restée séparée de Bramhadatta, les fleurs avaient cessé de pousser sous ses pas. Elle reparurent lorsque les deux époux se retrouvèrent. Pourquoi ? Dans une autre vie elle avait un jour offert un bouquet de lotus à un bouddha-par-soi. Puis, attachée à son cadeau, elle l'avait repris. Finalement, elle avait rendu les fleurs au saint homme. Cette offrande eut pour conséquence de faire jaillir des lotus sous chacun de ses pas. À cause de son geste de regrets, pendant une période de son existence, le tapis de fleurs cessa de se manifester et ses jours même furent en danger. Mais comme elle avait finalement redonné les fleurs en invoquant le pouvoir de la vérité, bonheur et fleurs réapparurent dans sa vie.
À présent, Semeuse de Lotus est la reine Yashodhara. Les brimades de son beau-père et les souffrances qu'elle a endurées, sont elles aussi le fruit d'actes passés."
Quand le Bouddha se tut, les moines restèrent pensifs, frappés par cet exemple de la puissance karmique d'un seul de nos actes. 

 

L'histoire de Semeuse de Lotus est la soixante-huitième feuille de la Liane magique qui exauce tous les souhaits.

Conte extrait de Les contes de Jataka - Volume 4, Anne Benson , Ed. Padmakara, 2000

Noé, la Colombe et la Branche d'Olivier

Dieu se souvint de Noé,

de tous les animaux et de tous les bestiaux qui étaient avec lui dans l’arche.

Dieu fit passer un vent sur terre et les eaux s’apaisèrent.

Alors se fermèrent les fontaines de l’Abîme et les écluses des cieux,

l’averse des cieux fut retenue,les eaux revinrent du dessus de la terre,

allant et revenant, et les eaux décrurent au bout de cent cinquante jours.

Au septième mois, dix-septième jour du mois,

l’arche se reposa sur les monts d’Ararat.

Les eaux allèrent en décroissant jusqu’au dixième mois.

Au dixième mois, le premier du mois, apparurent les sommets des montagnes.

 

Au bout de quarante jours,Noé ouvrit la fenêtre de l’arche qu’il avait faite et lâcha le corbeau. Celui-ci sortit, allant et revenant jusqu’à ce que les eaux fussent séchées du dessus de la terre.

Puis il lâcha d’auprès de lui la colombe,

pour voir si les eaux avaient diminué de la surface du sol.

La colombe ne trouva pas d’endroit où reposer la plante de son pied et elle revint vers lui dans l’arche, car les eaux étaient sur la surface de toute la terre.

Il étendit sa main, la prit et la ramena vers lui dans l’arche.

 

Il attendit encore sept autres jours et recommença à lâcher la colombe hors de l’arche.

La colombe vint à lui,au temps du soir, et voici qu’en sa bouche il y avait une feuille d’olivier toute fraîche.

Alors Noé sut que les eaux avaient diminué du dessus de la terre.

Il attendit encore sept autres jours et lâcha la colombe,

mais elle ne revint plus vers lui.

 

Genèse VIII, 1-12

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